[COMMUNIQUÉ] Propos de l’Association Maiouri Nature vis-à-vis des dérogations aux critères de durabilité et de réduction des gaz à effets de serre à partir de biocarburants, bioliquides et biocombustibles issus de la biomasse, pour la production électrique et le transport : réaction de la Collectivité Territoriale de Guyane
Celle-ci défend non seulement le point de vue suivant : « La France veut raser la forêt amazonienne pour faire décoller des fusées ” bio ” ? », mais également évoque les points suivants :
- L’intensification des prélèvements de bois en forêt pour la production d’électricité ;
- Le remplacement de parcelles par des plantations monocultures pour la création d’agrocarburant ;
- Les dizaines de milliers d’hectares concernés par cette action ;
- L’industriel biomasse qui serait privilégié sur l’attribution des terres face à un agriculteur.
La Collectivité Territoriale de Guyane tient tout d’abord à rappeler que l’alimentation des 3 centrales de biomasse fonctionnant aujourd’hui sur le territoire guyanais se fait grâce aux dégâts d’exploitation forestière, aux connexes de scierie, aux déchets de la seconde transformation du bois et des résidus issus de l’aménagement du territoire (défriche urbaine et industrielle).
- Concernant le premier point, il n’est pas question d’intensification au niveau des prélèvements de bois en forêt pour la production d’électricité.
La gestion durable de la forêt guyanaise est assurée par l’Office Nationale des Forêts (ONF) et différents outils sont développés afin d’assurer la traçabilité de cette ressource. Également, l’interaction avec les différents services de l’Etat au niveau régional permet de cadrer tout type de culture de bois énergie amené à se développer sur le territoire et aucun financement public ne sera attribué à la biomasse afin de solvabiliser une déforestation présentée de manière indirecte.
De plus, la CTG connait les contraintes de la filière biomasse en Guyane en termes d’approvisionnement. S’orienter vers une production plus importante de biomasse forestière conduirait à un risque de surexploitation des forêts et serait catastrophique :
- D’un point de vue économique, avec un coût lié à l’exploitation et au transport de plus en plus important ;
- D’un point de vue environnemental, étant donné que l’exploitation se fera de plus en plus loin dans les massifs ;
- D’un point de vue énergétique, par le manque de ressource dû à l’impraticabilité des pistes forestières en saison des pluies.
Pour l’objectif de 40 MW en 2023 de la PPE actuelle, ce sont 488 000 tonnes/an de biomasse à 45% d’humidité qui sont attendues et 732 000 tonnes/an de biomasse à 45% d’humidité pour 20 MW supplémentaires en 2030.
La nécessité de s’orienter vers un modèle non basé sur la surexploitation des massifs s’impose au vu des spécificités guyanaises, de la forte démographie, des besoins énergétiques et des orientations politiques.
- Par la suite, il est également évoqué le remplacement de parcelles par des plantations monocultures pour la création d’agrocarburant.
Aucun remplacement de terres ne sera effectué. Il est question de s’orienter vers de la plantation mais de sorte à ce que des projets bien spécifiques puissent voir le jour et ce, à condition que la « surface agricole utilisée » à vocation alimentaire reste au-dessus d’un rapport de 12 hectares pour 100 habitants comme stipulé dans le décret.
Les projets se feront principalement sur des zones d’implantations potentielles recensées puis cartographiées à cet effet, et permettront d’éviter les conflits d’usage entre les terres destinées à la production d’électricité et celles destinées à l’alimentaire.
- Vis-à-vis des hectares concernés par cette action, ce sont 1 700 ha qui serviront à produire de l’agrocarburant et 2 300 ha pour la production de biomasse utilisée à des fins de production d’énergie sur un total de 34 900 ha de surface agricole utilisée en Guyane (source AGRESTE 2021). Pour rappel, le territoire de la Guyane est recouvert à 96% de forêt et représente une surface totale de 84 600 km².
En aucun cas il n’est question de dizaines de milliers d’hectares comme annoncé par cette association.
- Enfin, s’agissant de l’industriel biomasse qui serait privilégié sur l’attribution des terres face à un agriculteur, la réglementation implique qu’aucune concurrence ne peut être évoquée dans la mesure où il s’agit de deux secteurs distincts. Les activités agricoles sont positionnées sur des terres caractérisées comme étant des surfaces agricoles au sens du schéma d’aménagement régional (SAR), ce qui n’est pas le cas pour les activités industrielles.
Les industriels sont amenés à s’implanter au plus près des sources d’approvisionnement, ce qui permet de réduire au maximum les coûts de transport de la ressource et également l’empreinte carbone.
La préparation de ce modèle est passée par une phase de réflexion importante, dans laquelle la mobilisation ainsi que la valorisation des ressources situées à proximité sont priorisées dans le futur et c’est en ce sens que la dérogation pour la biomasse agricole et forestière est ici demandée. Elle permettra une valorisation des sources autrefois non valorisées, tout en prenant en compte les spécificités de la Guyane ainsi que la conformité au niveau de la Directive.