Une nouvelle stratégie pour la protection de l’enfance en Guyane
Rodolphe Alexandre, le Président de la Collectivité Territoriale de Guyane, recevait ce jour à l’hôtel territorial, Adrien Taquet, Secrétaire d’Etat chargé de la Protection de l’Enfance, dans le cadre de sa visite sur le territoire et de la tenue d’une réunion concernant la stratégie nationale de prévention et de protection de l’enfance (2020-2022).
Une rencontre qui s’est déroulée en présence des acteurs de la protection de l’enfance, dont notamment Audrey Marie, vice-présidente de la CTG déléguée à la Petite Enfance et à la Jeunesse, de Clara de Bort, directrice de l’ARS Guyane, d’Aminata O’Reilly, directrice de la MDPH Guyane.
Dans sont intervention, le Président de la Collectivité Territoriale de Guyane a souligné le fait qu’il s’agisse de la première visite sur le territoire d’une personnalité gouvernementale ayant cette délégation.
Il s’est dit ravi de l’accueillir pour échanger sur la problématique de la protection de l’enfance, afin de lui exposer le retard incommensurable que connaît la Guyane, au vu de sa croissance démographique exponentielle, d’un flux migratoire considérable, et de la précarité rencontrée, qui entraînent une fragilisation de la cohésion sociale.
Il a remercié les acteurs locaux présents et notamment ceux de l’Aide Sociale à l’Enfance, pour leur investissement quotidien pour la jeunesse guyanaise.
Il a précisé qu’il s’agit pour lui d’un acte important dans l’évolution du territoire, à caractère singulier et nécessitant une structuration, avant de mettre en exergue l’iniquité concernant les moyens humains et matériels entre l’hexagone et la Guyane.
La parole a ensuite été donnée à Audrey Marie, qui a présenté le travail de la Collectivité Territoriale de Guyane dans ce champ d’action depuis sa création. Elle a dressé un état des lieux et a indiqué vouloir continuer à travailler en toute transparence, un audit ayant été lancé afin de revoir l’organisation mise en place.
Elle a exposé une situation démographique et socio démographique délicate, est revenue sur les alertes relatives aux suicides (qui touchent notamment la communauté amérindienne), le flux migratoire, les grossesses précoces, les problèmes d’état civil des enfants, dans une population qui n’a pas toujours accès aux services de base (électricité et eau courante). Il s’agit de déployer une politique de protection adaptée à l’Est, l’Ouest et à l’Intérieur de la Guyane,qui connait un indice de vulnérabilité le plus alarmant de France.
Présentation des travaux d’élaboration du schéma de protection de l’enfance de Guyane 2020-2025
Il a été question de réfléchir à de nouveaux métiers, de développer la prévention inscrivant la protection de l’enfance dans une logique partenariale, de développer l’offre d’accueil et d’accompagnement pour couvrir les zones blanches et disposer d’un nuancier de réponses complet, d’accompagner l’évolution des compétences des contributeurs à la protection de l’enfance, de sortir de la politique d’urgence en investissant fortement dans le pilotage de la politique et de ses dispositifs.
La Vice-Présidente a conclu en parlant d’une stratégie adaptée au territoire et qui répond à la stratégie nationale.
Présentation de la stratégie nationale de prévention et de protection de l’enfance (2020-2022), par le Secrétaire d’Etat, Chargé de la Protection de l’Enfance, Adrien Taquet
Le Secrétaire d’Etat a indiqué venir en toute humilité, ayant conscience des difficultés et des spécificités Guyanaises.
Il a souhaité venir sur le territoire à la rencontre des acteurs de la protection de l’enfance pour se rendre compte des besoins et marquer les engagements du gouvernement.
Il a remercié la Collectivité pour la vision d’ensemble qui a été présentée et qui se recoupe avec la stratégie nationale. Il a qualifié de lucide la stratégie élaborée en Guyane, une stratégie efficace qui valorise également les moyens humains de la Collectivité et la volonté de se tourner vers l’avenir.
Pour lui cette mission est à la fois transversale et interministérielle, de nombreux Ministres étant impliqués dans cette politique, au niveau de l’accès aux loisirs, aux vacances, aux sports, à la culture, au handicap…
Il a rappelé que la protection de l’enfance figure parmi les priorités du Gouvernement actuel. Pour preuve, le pacte pour l’enfance axé sur 3 piliers :
– Investir sur la période des 1000 premiers jours de la vie de l’enfant
– Lutter contre les violences faites aux enfants
– Mise en place de la stratégie de prévention et de protection de l’enfance
Il a ensuite décliné la stratégie nationale.
En premier lieu, une priorité est donnée au volet prévention qui tient à cœur au Président de la République. L’idée de bâtir une véritable politique publique sur les 1000 premiers jours de l’enfance, grande période de vulnérabilité pour l’enfant, de questions liées à la parentalité pour les parents, de développement cognitif, car les inégalités sociales se jouant avant l’entrée à l’école.
En second lieu, il s’agira de lutter contre les violences physiques, psychiques ou sexuelles. Les actions menées s’inscrivent dans l’idée de former, de libérer la parole, et de la protéger.
Bâtir ce dispositif en Guyane, c’est mettre en marche un plan pour mieux accompagner les enfants victimes, prévenir la récidive, mettre en service un numéro de téléphone pour alerter, mais aussi tenir compte de violences plus spécifiques tels que la prostitution infantiles, les suicides ou encore l’exposition à la pornographie.
Le 3è pilier est le fruit d’une large concertation dévoilée le 14 octobre dernier. Il s’agit là de considérer que tous les enfants ont les mêmes droits. Un réseau des Outre-Mer a d’ailleurs été créé pour y travailler. Adrien Taquet a mentionné que si cette politique de prévention relève de la Collectivité Territoriale de Guyane, l’Etat est garant du respect des droits fondamentaux des droits des enfants pour lutter contre les inégalités de destin.
Il a alors mis en lumière les mesures phares de la stratégie nationale :
– L’Engagement d’agir le plus précocement possible en réalisant 100% des bilans de santé en école maternelle d’ici 2022,
– Réaliser un virage préventif pour éviter le recours à des mesures de placement,
– Renforcer les cellules de recueil,
– S’engager fermement sur la protection des enfants,
– Soutenir la diversification de l’offre d’accompagnement (fratrie, handicap)…
Il a tenu à revenir sur le métier d’Assistant familial, un métier pour lequel il faudra revoir la question du statut pour le rendre plus attractif, accompagner davantage les assistants familiaux, mieux les intégrer dans les équipes, et mieux les encadrer. Un chantier qui sera initié dès le premier trimestre 2020.
Il a été rappelé que 80 millions d’euros seront consacrés par l’Etat dès 2020 à cette stratégie globale, qui s’accompagnera d’une réforme de la gouvernance et du pilotage de la politique publique de protection de l’enfance.
Adrien Taquet s’est réjoui de la demande de contractualisation de la Collectivité Territoriale de Guyane, second territoire à s’engager pour renforcer conjointement les moyens de la prévention et la protection de l’enfance.
Avant que ne soit signée la lettre d’intention entre la Collectivité Territoriale de Guyane et l’Etat en vue de contractualiser sur la déclinaison de la stratégie nationale de prévention et de protection de l’enfance 2019-2022, les acteurs de la protection de l’enfance ont pu échanger et le Secrétaire d’Etat sur déverses problématiques rencontrées dans l’exercice de leur fonction.