12è conférence de coopération régionale Antilles-Guyane : retour sur le deuxième jour
Lors du deuxième jour de la XIIème édition de la Coopération régionale Antilles-Guyane 2016, l’Espace entreprises et le pôle INTERREG ont été inaugurés à l’ESPE (Ecole supérieure du professorat et de l’éducation) à l’Université de la Guyane à Cayenne en présence de la 1ère vice-présidente de la CCI Guyane, Françoise Gimel et des officiels. Une dizaine d’entreprises guyanaises ont exposé leurs produits et services dédiés à l’export en marge de cette conférence organisée à l’amphithéâtre de l’Université de la Guyane. Les stands d’exposition étaient présentés par des spécialistes de l’agroalimentaire, parmi lesquels, Délices de Guyane, les Rhums Saint-Maurice de Saint-Laurent du Maroni, la Solam (Société laitière de Macouria) et la Brasserie guyanaise « Jeune gueule ». Aussi, la fabrique de meubles en bois de Guyane, « Le Sous fromager », la cosmétique avec Nature Amazonie et la presse magazine « Une saison en Guyane » furent très convoités au cours de cette journée. Dans le domaine de la haute technologie et de la gestion de l’eau et l’environnement, NBC, Guyacom, Solamaz et Mobapi (Bitwip), ont eux aussi, connu une grande affluence. L’objectif visé est de présenter les savoir-faire guyanais, les produits et les réseaux de distribution des entreprises exportatrices ou dans une démarche d’export.
Dans son discours introductif, la 1ère vice-présidente de la Chambre de commerce et d’industrie de la Guyane, Françoise Gimel, s’est dite satisfaite d’inaugurer au nom de son Président cette exposition. « L’export reste l’un des objectifs majeurs de notre mandature », dit-elle en s’appuyant sur l’innovation et le développement. Elle a aussi appelé à l’initiative en encourageant les entreprises à poursuivre leurs efforts dans cette démarche internationale, en se faisant accompagner par Business France ou Guyane export+. A l’issue de cette intervention, on notera le passage remarqué du Président de la Collectivité territoriale de Guyane (CTG), Rodolphe Alexandre, qui lui a permis d’échanger sur les perspectives de ce monde des affaires à l’export.
Pour sa part, Marie-Josée Gauthier, chargée de mission à l’antenne CTG de Bruxelles, s’est montrée confiante. « J’espère que le regard des décideurs sur l’export change. Trop souvent en Guyane », dit-elle, « on a le sentiment que l’export s’arrête au Suriname et à l’Amapa (Brésil). Or, sur la dizaine d’exposants présente à ce forum, ils ne sont qu’une minorité à se positionner sur ces deux marchés. Notre but est de développer nos dispositifs vers l’export avec la CTG (Collectivité territoriale de Guyane), qui d’ailleurs s’ouvre sur de nouvelles perspectives d’organisation et de diplomatie économique territoriale »
Les Opportunités d’affaires dans la Caraïbe et en Amazonie
Lors de cette table ronde consacrée aux «Opportunités d’affaires dans la Caraïbe et en Amazonie », les problèmes économiques étaient au cœur des discussions. Une initiative forte appréciée par Jean-Pierre Philibert, modérateur et président de la FEDOM (Fédération des entreprises d’outre-mer) qui, selon lui, n’ont jamais été débattues au sein de ce congrès. L’objectif visé consiste à identifier les opportunités d’Affaires dans la zone. Une proposition soutenue par l’ensemble des partenaires, notamment, les Ambassadeurs de France en République dominicaine et à Trinité-et-Tobago, respectivement José Gomez et Hédi Picquart, le consul de France à Miami (États-Unis), Philippe Letrilliart, Jean-Michel Caffin, CCEF (Conseiller du commerce extérieur de France) ainsi que le fondateur de Start Up, Willem Germany. Ils soulignent l’intérêt et les enjeux à se positionner sur la Floride et plus particulièrement à Miami (Etats-Unis), ville caractérisée par une très forte diaspora caribéenne et latino-américaine.
L’accompagnement à l’export
Le 2è atelier thématique s’est penché sur l’ « Accompagnement des entreprises à l’export ». Lors des échanges, de nombreux témoignages et facilitations ont été étayés cette journée. La conseillère du CCEF (Commerce du commerce extérieur de la France), Sabine Bajazet basée en Guadeloupe a jugé important d’analyser et d’essayer de comprendre les structures stratégiques de ces régions pour un meilleur accompagnement des entreprises à l’export. A ce titre, le groupe, constitué notamment de Xavier Guerard, délégué interrégional Outre-mer de Business France, Xavier Barnay, Asi Step Industries et Fabrice Richy, Directeur Outre-mer de l’AFD, invite ses partenaires à se rapprocher de la CCI Guyane (Chambre de commerce et d’industrie de la Guyane) et l’AFD (Agence française de développement) ou Business France, qui selon lui, disposent d’outils d’analyses très performants.
Identification des blocages
S’agissant du 3ème atelier thématique tourné vers l’ « Identification des blocages » qui semblent être des plus complexes et difficiles, le Président de la CTG (Collectivité Territoriale de Guyane), Rodolphe Alexandre, a saisi la Ministre sur ce dossier semé d’obstacles et de freins d’ordre juridique. Autant d’interrogations soulevées par le groupe formé de Catherine Sargenti, présidente de l’OHADAC (Organisation pour l’harmonisation du droit des affaires dans la caraïbe), Jonathan Boudry, chargé de mission à la MOT (Mission opérationnelle transfrontalière), Melissa Bonneton de Guadeloupe Expansion et Marie-Noëlle Catayée de la Martinique. Il soulève les difficultés liées au régime extrêmement protecteur de certains pays, notamment à forte fiscalité. Le souhait de Rodolphe Alexandre serait que nous puissions rester en tant que région ultrapériphérique, c’est-à-dire, bénéficier du soutien de l’Union européenne et intégrer les grandes organisations régionales comme le CARICOM… « Il recommande de poursuivre le combat au-delà des frontières, » car poursuit-il, « les entreprises locales ne doivent pas se cantonner au seul marché guyanais ».
Intervenant à son tour, le Président de la FEDOM s’est montré optimiste car, constate-t-il, « certains pays traversent une crise conjoncturelle. Le Brésil doit digérer son formidable développement, Il y a d’autres pays dans la zone qui sont impactés, notamment par la baisse très importante du coût du pétrole », informe Jean-Pierre Philibert. « Il y a des évolutions qui me rendent optimiste, parce que tous ces pays voisins continuent de croître et deviennent des clients potentiels », poursuit-il.
En conclusion, l’ancien préfet de la région Ile-de-France et ses partenaires se sont mis d’accord pour reconnaître que cette XXème édition organisée à Cayenne, particulièrement dense et riche, a permis de nouvelles perspectives et des échanges fructueux.
Cette proposition de loi sur la diplomatie des Outre-mer, adoptée à l’unanimité le 24 mars 2016, vise à donner aux collectivités territoriales, en particulier des Outre-mer, la possibilité de développer davantage leurs échanges avec les pays de leur bassin géographique.
Elle vient modifier le code général des collectivités territoriales et comprend quatre dispositions principales :
– elle permet de lever l’interdiction de signer des accords internationaux pour les collectivités.
– La deuxième disposition concerne l’extension du champ géographique de la coopération régionale. La notion de voisinage prend ainsi un sens beaucoup plus large.
– La loi prévoit également la mise en place d’un programme-cadre de coopération régionale par l’exécutif d’une collectivité. Ce dernier définit les pays avec lesquels négocier et dans quels domaines de compétences.
– Enfin, le texte offre un statut protecteur aux agents des collectivités locales placés auprès des ambassades de France dans les pays tiers.
Une marge de manœuvre considérable sera ainsi donnée aux collectivités territoriales à travers cette proposition de loi.
Pour clôturer ces deux journées riches en informations et en découvertes, le chargé de mission de Manuel Valls et la Ministre des Outre-Mer se sont exprimés sur les points forts de ces échanges.
Tout d’abord, Jean-Jacques Vlody, député de la Réunion et chargé de mission, souligne qu’il reste du travail à effectuer en terme de coopération pour les départements d’Outre-Mer, mais que beaucoup a déjà été fait, ce qui favorise les échanges internationaux via les territoires ultramarins, mieux insérés dans l’espace géographique de l’État. La loi NOTRE oblige l’État à associer les collectivités territoriales dans les politiques de coopération.
La Ministre des Outre-Mer, Georges Pau-Langevin, est quant à elle satisfaite de l’avancée des projets en Outre-Mer en terme d’accueil des agents territoriaux au sein de missions diplomatiques.
Elle promet de mettre en place les moyens possibles favorisant les connexions aériennes sur ces territoire, et réfléchit à l’éventuelle coopération entre Haïti et la Guyane proposée par Rodolphe Alexandre, président de la Collectivité Territoriale de Guyane.
La Ministre a également évoqué la motivation de certains lycéens guyanais à poursuivre leur études ailleurs, nécessitant ainsi un accompagnement permettant de faciliter leur expérience universitaire.
George Pau-Langevin, invite les différentes régions à continuer ces dispositifs afin d’approfondir les relations avec leurs voisins.